Le vent d’automneAh ! ce grand vent, l’entends-tu pas ?L’entends-tu pas heurter la porte ?A plein cabas il nous apporteLes marrons fous, les feuilles mortes.Ah ! ce grand vent, l’entends-tu pas ?Ah ! ce grand vent, l’entends-tu pas ?L’entends-tu pas à la fenêtre ?Par la moindre fente il pénètreEt s’enfle et crache comme un chat.Ah ! ce grand vent, l’entends-tu pas ?-J’entends les cris des laboureurs,La terre se fend, se soulève.Je vois déjà le grain qui meurt,Je vois déjà le blé qui lève.Voici le temps des laboureurs.
Pierre Menanteau
L’automneOn voit tout le temps, en automne,Quelque chose qui vous étonne,C’est une branche tout à coup,Qui s’effeuille dans votre cou.C’est un petit arbre tout rouge,Un, d’une autre couleur encor,Et puis partout, ces feuilles d’orQui tombent sans que rien ne bouge.Nous aimons bien cette maison,Mais la nuit si tôt va descendre !Retournons vite à la maisonRôtir nos marrons dans la cendre.
Lucie Delarue-Mardrus
Chanson d’automneLes sanglots longsDes violonsDe l’automneBlessent mon coeurD’une langueurMonotone.Tout suffocantEt blême, quandSonne l’heure,Je me souviensDes jours anciensEt je pleureEt je m’en vaisAu vent mauvaisQui m’emporteDeçà, delà,Pareil à laFeuille morte.
Paul Verlaine
AutomneOdeur des pluies de mon enfance,Derniers soleils de la saison !A sept ans comme il faisait bon,Après d’ennuyeuses vacances,Se retrouver dans sa maison !La vieille classe de mon père,Pleine de guêpes écrasées,Sentait l’encre, le bois, la craie,Et ces merveilleuses poussièresAmassées par tout un été.O temps charmant des brumes douces,Des gibiers, des longs vols d’oiseaux !Le vent souffle sous le préau,Mais je tiens entre paume et pouceUne rouge pomme à couteau.
René-Guy Cadou
Petite pommeLa petite pomme s’ennuieDe n’être pas encore cueillie.Les autres pommes sont parties,Petite pomme est sans amie.Comme il fait froid dans cet automne !Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.Comme on a peur au verger noirQuand on est seule et qu’on est pomme.Je n’en puis plus viens me cueillir,Tu viens me cueillir Isabelle ?Comme c’est triste de vieillirQuand on est pomme et qu’on est belle.Prends-moi doucement dans ta main,Mais fais-moi vivre une journée,Bien au chaud sur ta cheminéeEt tu me mangeras demain.
Géo Norge
Automne au matinCafé, petits pains !Automne à midiDanse, chante et ris !Automne à quatre heuresSur ton pain du beurre !Automne du soirT’endors comme un loir !Automne à minuitÉcoute la pluie !
Armand Monjo